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Les Charmeuses de Costa Rive : premiers baisers

Dernière mise à jour : 24 févr.




Copyright © 2022 Pretorya Davis


1.

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Le jour de mes 17 ans, et aussi le jour de la Saint-Valentin. Quelle belle coïncidence ! Mon anniversaire tombe le jour de la fête des amoureux. Et justement, j’en ai un : Fénix Santiag. Enfin… il n’est pas encore le mien mais c’est mon souhait pour ce soir. Je voudrais tellement concrétiser la chose avec lui.


Il a 20 ans et, pour moi, c’est le garçon le plus beau, le plus intelligent et le plus sexy que je connaisse. Je l’ai rencontré il y a deux semaines, par l’intermédiaire de mes meilleures amies, Madison et Ciara, qui ont organisé cette soirée pour me permettre de réaliser mon vœu.


— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de sortir ce soir, Brianna, me dit ma mère, de ce ton exaspérant qui irrite mes oreilles.

— Maman, s’il te plaît, répliqué-je en lui tournant le dos pour observer mon maquillage dans le grand miroir sur pied qui fait face à la fenêtre.


Je me sens très belle avec ce maquillage nude qui me donne un teint parfait et rehausse mes yeux noisette, et mes cheveux noirs ondulent librement sur mes épaules. Je suis prête à séduire Fénix qui ne pourra pas me résister. Je souris intérieurement, excitée à l’idée de le voir ce soir, et ce n’est pas ma mère qui va m’en empêcher.


— Tu sais très bien ce qui pourrait arriver et je ne serai pas là pour…

— Je suis assez grande pour ça, maman, ne t’en fais surtout pas pour moi. Jusque-là, tu as su me protéger comme il se doit, mais il est grand temps pour moi de voler de mes propres ailes, tu comprends ?


Elle me répond avec un gros soupir de résignation. Physiquement, ma mère et moi sommes totalement différentes : d’à peu près la même taille, elle est blonde aux yeux bleu océan, un visage constamment soucieux, et une silhouette filiforme, quand moi je suis une brunette mince aux formes épanouies.


Ma mère sait que cette fois, elle a perdu la bataille. Je ne céderai plus à cette voix douce et enivrante qu’elle adopte à chaque fois qu’elle cherche à me convaincre ou à me manipuler. Et à tous les coups, ça marche. Mais pas cette fois. Il y a trop de choses en jeu en cette nuit de la Saint-Valentin.


Ma réputation et ma relation avec Fénix.


La seule chose que j’ai en tête actuellement, c’est de passer la soirée avec lui, et le reste je m’en contrefiche.


Un sourire triomphant aux lèvres, je me tourne vers ma mère et lui demande d’un air espiègle :


— Comment tu me trouves ?


Bien évidemment, elle ne répond rien et sort en levant les yeux au ciel, amèrement déçue par mon comportement. La jeune fille naïve que j’étais auparavant a laissé place à une jeune femme qui revendique sa liberté.


Que croyait-elle ? Que cette fois encore j’allais me laisser prendre au piège ? C’est ça, oui !


Je vérifie une dernière fois ma tenue : un jean délavé extra moulant, qui fait ressortir mes formes bien galbées, surtout mon derrière ; un débardeur blanc qui dévoile mes seins menus ; et une paire de mini boots noirs, qui me font gagner cinq centimètres en plus. Et pour aller avec cette tenue, un blazer en tweed rouge, parce que c’est la Saint-Valentin, sans oublier une touche de mon parfum préféré « Syren ».


Fin prête pour attirer Fénix dans les filets de ma passion !


Justement, j’entends le klaxon du Pick-up en bas qui me presse. J’ai juste le temps de m’emparer de mon portable posé sur mon lit, que je glisse dans la poche de ma veste, pour ensuite me précipiter dans le couloir avant d’atteindre l’escalier que je dévale en vitesse.

Je suis incapable de décrire l’état extatique dans lequel je me trouve en ce moment. C’est bien la première fois que je fête mon anniversaire le jour de la Saint-Valentin avec mes amis !


— J’y vais, maman, hurlé-je, presque hystérique, à une mère qui ne se donne même pas la peine de répliquer.


Elle doit certainement bouder dans sa chambre. Tant pis pour elle ! Après tout, nous avons déjà fêté mon anniversaire ensemble, plus tôt dans la journée.


Désormais, la soirée m’appartient !



2.



Je rejoins les filles dans le Pick-up rouge de Madison Cox, que son père lui a offert à son dix-septième anniversaire, le mois dernier. Même si elle n’a pas encore son permis, elle conduit déjà comme une pro, exactement comme son père qui est son moniteur.


— Qu’est-ce que tu foutais, Bri ? demande celle-ci, une blonde avec une coupe au carré qui encadre un visage en forme de cœur et des yeux gris beaucoup trop grands pour son visage.

— C’est bon, je suis là, maintenant ! On s’arrache avant que ma mère ne vienne briser ton carrosse, lancé-je en m’éclatant de rire.


À son tour, Ciara Botelli pouffe de rire, et toutes les deux, on a du mal à se contenir. C’est finalement le démarrage de Madison dans un crissement de pneus qui nous oblige à reprendre notre sérieux. Madison n’aime pas être la risée du groupe. C’est elle qui mène la barque dans notre petit clan.


Ciara, une brune aux cheveux d’une opulence bien trop lourde pour ses épaules fines et son corps bien trop mince, toujours drapé dans des vêtement en cuir, et des yeux d’un noir d’encre qu’elle adore souligner avec un khôl, pour signifier sa marginalité, augmente le volume de la radio qui joue un tube de Guns N’ Roses, et se met à chanter à tue-tête.


J’adore mes copines, mais très souvent je me demande ce que nous avons en commun. On se connaît depuis le collège, et contrairement à moi, elles viennent toutes les deux d’une famille classique et fonctionnelle, avec un père dont le rôle est de subvenir aux besoins des siens tout en contribuant publiquement à la société, et une mère au foyer qui déborde d’amour et d’énergie, toujours prête à offrir le meilleur à ses enfants.


Des vêtements et chaussures de marques : check ; les portables derniers cris : check ; les voitures de luxe à blesser l’égo des mecs de la ville : check ; de nouveaux copains chaque semaine, que les parents invitent même à déjeuner ??? : ça aussi check.


Et la liste est longue : elles sont belles à damner des saintes-nitouches comme moi, elles sont intelligentes, ayant les meilleures notes de tout l’établissement sans avoir besoin de bosser aussi dur que moi ! Elles ont une attitude exécrable mais arrivent toujours à obtenir des autres ce qu’elles désirent.


Les influenceuses du lycée, en quelque sorte.